Chez Renard, aux Îles-de-la-Madeleine, par Visages régionaux
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Chez Renard : entreprendre au rythme des Îles

Créer un milieu de travail à leur image pour ralentir et profiter de la vie, mais aussi pour offrir un lieu de rassemblement à l’année à leur communauté d’adoption. C’était ça, la prémisse qui a motivé la création de ce café-buvette. Une belle histoire de slowpreneuriat inspirante, comme on les aime.

En 2019, Eve Beaudoin-Galaise et Philippe Raymond ont ressenti le besoin de voyager pour s’inspirer de différents modèles de travail et de gestion en restauration. Faut dire que le rythme effréné du monde des restos, ils en avaient souper. Ensemble, ils prennent la clé des champs, à bord de leur nouveau camper. Le duo avait en tête de parcourir le Québec pour cumuler les expériences et se faire une tête avant de partir leur propre restaurant. C’est par les Îles-de-la-Madeleine que nos deux passionné·e·s ont commencé — et terminé — ce grand road trip! Aucun ennui mécanique n’est en cause, seulement un coup de cœur pour l’endroit, une pandémie qui paralyse tout, une occasion d’affaire à leur image, des astres qui s’alignent autrement, et une Eve et un Philippe qui s’écoutent et qui se lancent dans la belle aventure de Chez Renard!

Les propriétaires du restaurant Chez Renard, aux Îles-de-la-Madeleine, par Visages régionaux
Philippe et Eve
Dominic Faucher

Du slowpreneuriat, pour le bonheur de tou·te·s!

Chez Renard, c’est un des rares cafés-buvettes ouverts à l’année aux Îles. Le genre de place que notre duo aurait aimé trouver à leur arrivée : un lieu de rassemblement nouveau genre à la fois discret et audacieux, « un café dans la journée où on peut rester pour l’apéro » . Comme la saison touristique est ultra achalandée et que le reste de l’année est particulièrement tranquille, la plupart des commerçant·e·s font le choix d’avoir des étés de fous, pour ensuite fermer leurs portes au départ des vacancier·ère·s pour se remettre sur pied. Comme Eve et Philippe avaient déjà vécu la folie de la restauration, ce modèle-là ne les intéressait pas, encore moins ici, où les gens « n’ont pas l’heure, ils ont le temps » . C’est comme ça qu’Eve et Philippe ont pris la décision de créer un petit commerce, plus intime, avec seulement 40 places qui serait ouvert de janvier à décembre, mais pas à tous les jours, et ce, même pendant la haute saison.

 

Il y a vraiment beaucoup de touristes qui viennent aux Îles l’été, mais on va ouvrir trois soirs par semaine parce qu’on veut combler les besoins à l’année et ne pas trop se brûler.

Philippe

 

Ce modèle d’affaires est encore à peaufiner. L’entreprise est toute neuve! Les propriétaires y voient déjà néanmoins plusieurs points positifs comme le fait que les gens de la place ont désormais un lieu de rassemblement qui les sort de leurs habitudes. « Ici, il y a ceux qui sont venus, un peu comme nous autres, visiter les Îles et qui y sont restés accrochés. Ça leur fait un endroit avec une ambiance un peu citadine » , explique Eve. « On a beaucoup de monde des Îles aussi qui viennent parce que ça fait différent de l’offre habituelle. »

UNE FORMULE CONTRE LA PÉNURIE DE MAIN-D’OEUVRE

Ce choix est audacieux, mais 100 % réfléchi. Comme le dit si bien Eve, « on désire avoir une vie saine et stable. On priorise la qualité plutôt que la quantité. » En faisant ce choix, le duo parvient par le fait même à offrir le même mode de vie à ses employé·e·s, une gang qui forme une petite équipe régulière et bien rodée. Puisque le volume, ce n’est pas leur affaire, une horde de travailleur·euse·s saisonnier·ère·s n’est donc pas nécessaire pour arriver à combler tous les quarts de travail qu’aurait exigés une ouverture 7/7, matin, midi et soir. En pouvant compter sur leur équipe stable et soudée, le couple peut davantage s’ancrer dans la communauté, développer des relations avec les client·e·s locaux·cales, mais aussi les producteur·trice·s du coin. 

Avec du temps, on fait quoi?

Du temps? Eve et Philippe n’en avaient jamais vraiment eu auparavant. Notre duo profite maintenant de la vie! La paire s’est même mise aux sports de voile. De quoi plonger à fond dans toute la richesse du territoire qui les a charmé·e·s et qui a tant à offrir. Comme la valorisation des produits locaux figure parmi les priorités de Chez Renard, le couple s’occupe lui-même de la cueillette de certains produits. Sans compter la transformation des aliments de saison, pour être en mesure d’en avoir sur leur menu à l’année. « On fait beaucoup de congélation. La réalité, c’est que le temps du homard, c’est 12 semaines! Donc on va le chercher, on le travaille, on le congèle. »

Comme le renard qui se déplace lentement et s’approche avec précaution des autres, Chez Renard se laisse apprivoiser tranquillement et s’enracine au fil des saisons. Il prend son temps. Et peut-être inspirera-t-il d’autres commerçant·e·s à suivre ses traces, ici et ailleurs?

Pour ressentir la légèreté d’Eve et Philippe, lorsqu’ils se confient sur leur mode de vie et leur modèle de restauration aux Îles, écoutez l’épisode 02 du balado On le fait!

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