BleuBleu : la naissance d’un festival ancré dans son territoire

Et cette histoire-là, elle ne commence pas avec « une fois, s’t’un gars… ». Parce que le BleuBleu, c’est le projet d’Anne-Julie St-Laurent et Myriam-Sophie Deslauriers, deux Gaspésiennes de souche qui ont quitté la péninsule pour travailler dans le milieu de la musique à Montréal. Fortes de leur expertise dans ce domaine et nostalgiques du festival Maximum Blues qui faisait vibrer leur petit coin de pays lorsqu’elles étaient jeunes, elles ont eu envie de relancer la tradition musicale de Carleton-sur-Mer.

Quand l’oiseau quitte le nid, il y a quelque chose de beau à le voir revenir avec un bagage de connaissances dont toute la communauté peut profiter.

Anne-Julie et Myriam-Sophie, deux des cofondatrices du BleuBleu sont « le petit oiseau » de cette analogie!

Trouver les moyens de leurs ambitions

Avec Marianne Boudreau, alors responsable des événements au Naufrageur, elles ont cofondé le BleuBleu. Les filles n’avaient que 1 400 $ en poche pour créer la première édition en 2019, alors elles ont dû se montrer créatives!

Leur solution : attacher le festival aux festivités annuelles de la fête nationale en s’associant avec la Ville et la MRC Avignon. « On n’aurait pas pu faire BleuBleu en juillet parce que tout est déjà plein et il n’y aurait pas eu de retombées économiques », précise Myriam-Sophie. C’était un pari risqué, car les artistes sont pris aux quatre coins du Québec ce week-end-là, mais elles étaient prêtes à le relever. En tenant leur événement au tout début de l’été, elles devancent ainsi la saison touristique!

Les filles ont trouvé des alliés supplémentaires en cognant à plusieurs portes, comme celle de la microbrasserie Le Naufrageur et de Sirius XM. Il y a même l’autrice-compositrice-interprète Safia Nolin qui leur a dit en bonne chum : « Je vais vous faire un show gratis ». Et elle a tenu parole, deux fois plutôt qu’une. Lors de notre visite l’été dernier, elle a aussi joué pour nous sur le quai.

S’ancrer au territoire

Elle n’a pas tort pantoute Safia! Et à Carleton-sur-Mer, il n’y a pas un décor qui arrive à la cheville des reliefs naturels. C’est pourquoi les coorganisatrices ont décidé d’intégrer le BleuBleu aux installations existantes près de la rive pour pouvoir ainsi profiter des paysages grandioses.« On cherche toujours des lieux inédits et patrimoniaux, dit Anne-Julie. On essaie de les modifier le moins possible pour mettre en valeur le territoire déjà présent. Le lieu, c’est la base de toute la programmation », ajoute Myriam-Sophie.

Chaque lieu de diffusion a sa vibe. La Cabane à Eudore, par exemple, est une petite scène mythique du festival. En ouvrant la grande porte de cette petite cabane en bois et en y installant un ou une artiste à l’entrée, l’endroit se charge d’émotions; il devient beau et touchant. Le quai et la montagne dégagent des ambiances totalement différentes. « Chaque année, on se dit qu’on va ajouter des éléments de scénographie, mais on finit par réinvestir le budget ailleurs. Le territoire s’occupe de tout », mentionnent les coorganisatrices.

Travailler en équipe pour que se concrétisent des idées folles

Le BleuBleu est bâti sur des alliances solides, le respect et l’entraide. « On veut faire le plus possible de partenariats pour que le festival devienne en quelque sorte un carrefour où les projets se rencontrent. Chaque fois qu’on a une idée, on se demande si une entreprise locale fait déjà ça », explique Myriam-Sophie. Et ça donne lieu à des prestations musicales et à des activités rassembleuses moins conventionnelles.

D’une musique classique au bout d’une presqu’île sur fond de ciel étoilé en compagnie d’un astronome à un DJ set sur un voilier de La Belle Vie Sailing ancré près du rivage, il n’y a rien de trop beau! Oui, Carleton-sur-Mer, c’est loin des grands centres, mais les filles font preuve d’audace et s’arrangent de 1 001 façons pour que ça vaille le déplacement. Et ça vaut autant pour les festivalier·ère·s que pour les artistes invité·e·s, qui peuvent faire 20 h de voiture pour y prendre part. Assister à un spectacle sur un bateau ou sur la plage à la tombée du jour, ça bonifie l’expérience sur un moyen temps!

Donner la place au monde d’ici

« On fait beaucoup de recherche pour intégrer des artistes locaux et leur donner le plus de visibilité possible », raconte Anne-Julie. Travailler avec le monde du coin, c’est un souhait qu’elles ont et qui se répercute sur et derrière la scène. Elles créent des rencontres privilégiées entre les gens de la place et les festivaliers venus découvrir le territoire. « Parce qu’ils sont aussi là pour ça! » Myriam-Sophie explique, par exemple, qu’« après des heures de route, t’as une madame super fine qui te sert des moules sur le bord d’un bateau pendant que ça sent le poisson et que les pêcheurs racontent des histoires. » Un festival comme ça, c’est une expérience 360, à la fois humaine et authentique, bien ancrée dans son territoire.

Ça te parle? Mets ça à ton agenda cet été!