Si le Rocher est à Percé, la Route des Belvédères est maintenant à Matapédia-et-les-Plateaux. Parce que la région est riche de plusieurs reliefs naturels, cinq municipalités du sud-ouest de la Gaspésie se sont donné les moyens de contempler le paysage. Elles ont mis sur pied ce projet qui comptera quatre belvédères à l’architecture distinctive, qu’elles souhaitent voir devenir des piliers de développement touristique et économique. Audacieux, non?
La Gaspésie, au-delà du fleuve et de la baie des Chaleurs
Quand on dit « faire le tour de la Gaspésie », ce n’est pas juste une expression. C’est littéralement ce que bon nombre de touristes font lorsqu’ils se rendent dans ce beau coin de pays. Ils suivent le rivage, de Mont-Joli à Sainte-Flavie ou vice versa. Même si l’industrie touristique gaspésienne bat son plein, ce ne sont pas toutes les régions qui profitent d’une affluence aussi soutenue. Située à la croisée des chemins vers la baie des Chaleurs, le Nouveau-Brunswick et la Vallée de la Matapédia, Matapédia-et-les-Plateaux a longtemps été une grande oubliée.
Pourquoi la Route des Belvédères?
Parce qu’il y avait ici des paysages grandioses à exploiter. Entre monts et plateaux.
S’unir pour créer un appel à la région
Comme « ne fait pas dévier les vacancier·ère·s qui veut », cinq villages limitrophes ont décidé de s’allier pour prendre leur avenir en main et mettre en valeur leur région. Ils ont mis sur pied un OBNL en 2006 dont le but était de monter un projet structurant pour se distinguer. Le tourisme devait être le levier prioritaire du développement économique local.
C’est dans le cadre de différentes consultations, impliquant le plus de gens et d’instances possibles, qu’a vu le jour en 2018 la première phase de la Route des Belvédères, un nouvel attrait majeur qui leur permettrait d’y parvenir.
La valorisation du patrimoine paysager
Le projet financé notamment par les instances gouvernementales, les redevances éoliennes et autres partenaires est toujours en cours. Deux belvédères sur quatre sont fièrement érigés depuis près de cinq ans, soit le belvédère des Deux-Rivières à Matapédia qui offre une vue incroyable sur le confluent des rivières Matapédia et Ristigouche, puis le Belvédère Cœur des Plateaux qui, avec sa plateforme panoramique, propose une vue jusqu’à 100 km par temps clair. Leur architecture est savamment inspirée des endroits où ils se trouvent et leur confection en bois rend honneur à l’économie primaire de la région : la foresterie. Ils offrent un accès privilégié à ce patrimoine paysager qui était jusqu’ici demeuré un secret bien gardé de la région, tout en le revalorisant grâce à leur structure artistique impressionnante.
En raison de la pandémie et de la hausse des coûts des matériaux, l’échéancier de départ de ce produit touristique n’a pas pu tenir la route. Ils espèrent achever l’érection des deux autres belvédères de même que la réfection de leur aire de service, le Camp de Bûcherons, d’ici 2024.
Des belvédères pour raviver l’économie locale
Même si le projet en est toujours à sa première phase, les retombées économiques d’un tel attrait touristique sur la région sont tout de même déjà perceptibles. La route a permis de positionner la région et de la faire connaître pour ses paysages de même que pour son tourisme de plein air et d’aventure. Ce sont des milliers de visiteurs qui ont choisi (ou on fait dévier leur route vers) Matapédia-et-les-Plateaux depuis la construction des premiers belvédères. Cet achalandage a-t-il eu un effet positif sur l’offre commerciale à proximité?
Selon Franceska Desmarais, agente de développement économique et touristique pour Matapédia-et-les-Plateaux, « on voit beaucoup de développements d’entreprises liés à la Route des Belvédères. Il y a de nouveaux restaurants. Le Central resto-pub à Saint-François-d’Assise a été rénové. Ils ont même un bar maintenant. » D’autres projets sont en cours, comme une nouvelle microbrasserie, La débâcle, qui ouvrira ses portes à Matapédia. Avec la reprises de différents commerces, elle s’attend à la création de plusieurs emplois dans la région et à une meilleure rétention des visiteur·euse·s. Il y a toutes sortes d’idées qui émergent, comme celle d’« un citoyen [qui] aimerait offrir des visites guidées avec un service de navette pour la Route des Belvédères. » C’est encore à petite échelle, mais l’offre se bonifie tranquillement.
Et qui dit nouvelle offre commerciale peut aussi dire nouveaux·elles commerçant·e·s, et par la bande : nouveaux·elles résident·e·s!
Un circuit évolutif qui rend fier
« La Route des Belvédères appartient d’abord aux citoyen·ne·s. Ça fait la fierté des gens d’ici. » – Franceska
Et avec raison! Lorsqu’on visite les belvédères, on sent par les choix qui ont été faits que ce projet est littéralement une œuvre collective. Les résident·e·s sont au cœur du projet. Tout le monde est impliqué à toutes les étapes du processus, que ce soit pour le choix des paysages, les thématiques, le design des structures. Et d’ailleurs, on s’attend à ce que la route prenne une seconde dimension, car elle comportera probablement un volet numérique.
On salue l’audace et la détermination des Gaspésien·ne·s de Matapédia-et-les-Plateaux, qui ont cru en l’unicité de leur panorama et à l’importance de revaloriser leur beau territoire, et qui en s’unissant, ont décidé d’opter pour la coopétition, plutôt que la compétition, pour se donner les moyens de voir plus loin!
Si le territoire d’Avignon a inspiré la création des belvédères qui représentent en soi des œuvres d’art, il a aussi été la matière première pour trois illustrateur·trice·s des milieux urbains venu·e·s pour s’en imprégner. Découvre leur processus créatif dans notre article Une aventure créative avec Daphnée, Benoit et Amélie. Guillaume Monette, alias Van carton, a aussi fait une immersion dans la région pour écrire une chanson. Jette un œil au vidéoclip de « Plonger dans l’immense. »